Les bulldozers, ça, ils ne l’auront pas
Michaël Perruchoud
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Le mot de la fin
L’autre jour, j’empruntais l’autoroute de contournement de Genève. Et à l’approche d’un tunnel, levant les yeux, je me suis revu, le dos sur le talus d’herbes folles. J’avais seize ou dix-sept ans et Patrick à peine plus.
Patrick fumait encore ses clopes à l’insu de ses parents. Alors, quand je passais chez lui, nous sortions souvent par la porte de derrière en laissant sa chambre allumée, nous nous glissions dans le trou de la haie et nous allions faire un tour en pleine campagne, le long des champs de colza et des mares aux grenouilles.
C’est ainsi qu’un soir, nous avons poussé jusqu’au chantier de l’autoroute. Les machines étaient rangées sur le côté, les camions, les pelleteuses, les conteneurs de tôles où devaient dormir les ouvriers, donnaient à la scène des petits