Solidarité, stabilité et neutralité
Temps de lecture estimé : 1 minute
«La Suisse est dans sa plus grave crise depuis la Deuxième Guerre mondiale», car en interdisant la réexportation d’armes, l’agresseur en profite», affirme l’ambassadeur des USA à Berne (NZZ du 16.3). «Le non de la Suisse à la livraison de munitions est un grand problème», estime une députée au Bundestag (NZZ du 17.3)! Le changement d’époque, déclaré par Olaf Scholz, est-il saisi en Suisse?
La neutralité suisse a été définie lors du Congrès de Vienne en 1815 par les puissances européennes qui ont voulu une Suisse stable, indépendante et neutre, assurant son territoire, situé sur le massif des Alpes. Ceci dans le cadre du nouveau concept d’hégémonie européen. Plus jamais un envahisseur comme Napoléon! Aujourd’hui l’autocrate Poutine, ayant pris son propre pays en otage, veut incorporer son voisin slave, l’Ukraine, dont il nie le droit d’exister.
Cette attaque contre l’Ukraine est dirigée contre l’Europe, ainsi le comprennent, entre autres, les USA, l’Allemagne, l’Angleterre, la Pologne. La Suisse, en refusant la réexportation des munitions, invoquant sa neutralité, se met selon eux en travers. Les pays partenaires de la Suisse sont perplexes, car notre position profite à l’agresseur, alors que nous avons accueilli un grand nombre de réfugiés ukrainiens.
D’autre part, la Suisse veut continuer évidemment à offrir ses «bons offices», qui reposent sur une longue tradition et jouent un rôle clé dans sa politique de paix, dont Genève reste le centre.
Nous devons urgemment clarifier notre propre compréhension de la notion de neutralité et la communiquer. La Suisse doit être perçue comme stable et solidaire par ses pays partenaires.
Jean-François Emmenegger,
Marly